Du 3 au 4 novembre 2011, s’est tenu au palais des festivals et des
congrès de Cannes, le sixième sommet du G20. Il s’agirait là du plus grand
sommet international jamais organisé par la France. Le président Sarkozy,
président en exercice du G20 a reçu 25 chefs d’Etat et de gouvernement des pays qui pèsent 85% de l'économie mondiale ainsi que les représentants de 7 organisations
internationales. A seulement quelques mois des élections présidentielles, le
président français n’a pas manqué de cueillir cette opportunité pour célébrer
le couronnement de son action sur le plan international. La crise de la dette
pour la zone euro et celle de la Grèce en particulier, ont porté leurs ondes de
trouble jusqu’à la veille de l’ouverture du G20 avec le coup de tonnerre
provoqué par la décision unilatérale du premier ministre grec de soumettre au
referendum l’accord du 27 octobre sur le plan d’aide à son pays. Comme l’a
souligné le président Obama à la fin du sommet, le Président Français a fait
montre d’un « leadership impressionnant » avec le chancelier allemand
dans la gestion de la crise de la zone euro. Comme d’habitude, les discussions
n’ont pas manqué, chaque participant représentant des intérêts particuliers.
Au-delà des longues résolutions aux lendemains incertains, ce sommet envoie des
signaux forts sur l’état du monde.
Le premier point est le lien désormais plus fort entre
l’économie et la politique. La crise grecque finira par emporter dans ses flots
furieux le premier ministre Papandreou. L’Italie, troisième économie de la zone
euro, ressent au plus fort, les secousses provoquées par les incertitudes et la
fragilité de son gouvernement. Nul doute que ce qui est arrivé à Papandréou en
Grèce dopera l’énergie de l’opposition italienne, qui depuis des mois, réclame
le départ du cavalière. Les problèmes économiques ne sont pas étrangers à l’essoufflement
de l’immense espoir suscité par l’élection de Barack Obama.
Le second point est le déclin du leadership américain. Le président Obama est venu à ce sommet affaibli plus que jamais. Les Etats-Unis n’ont pas, en poche, la solution des problèmes du vieux Continent. Ils ne peuvent que conseiller et soutenir moralement. L’unilatéralisme américain semble désormais hors de mode, plombé par de sérieux problèmes économiques. Quant à la zone euro, elle est plus que jamais en difficulté, engluée dans un système économique et financier tiraillé par le désir contradictoire de l’intégration et de la conservation des souverainetés nationales. Barack a plusieurs fois souligné la difficulté de maintenir une monnaie commune avec des politiques budgétaires et fiscales aussi divergentes. Toutefois, les américains et les européens conservent la préséance militaire.
Nicolas Sarkozy et Barack Obama, lors de leur interview télévisée post-G20 le 4 novembre 2011, à Cannes. AP/SIPA |
Le troisième point réside dans l’amitié et la convergence
de vue affichées par Barack Obama et Nicolas Sarkozy à la fin du sommet.
Honneur aux soldats ayant combattu en Libye, interview conjointe au journal
télévisé… La parade des deux présidents en difficultés avec leur opinion
publique et dont on connaît les divergences sur le plan économique et politique
a quelle finalité ? on se rappelle encore le vote français en faveur de l’entrée
de la Palestine dans l’Unesco malgré l’opposition des Etats-Unis. Quel est le
but de cette opération de charme ? sinon se soutenir mutuellement dans la
tourmente ? Par ailleurs, pouvait-on célébrer le succès des efforts en
Libye sachant que les dégâts matériels importants, les victimes innocentes des
bombardements de l’Otan et l’épilogue assez flou de cette guerre sont là pour
montrer que l’opération n’était pas aussi propre. A moins que le succès réside
uniquement dans le fait que l’Otan n’a perdu aucun soldat ? A-t-on
vraiment évalué sur le court et le long termes les opérations menées en
Libye ? ou ne voit-on que la chute d’un dictateur devenu gênant ? Mesure-t-on
les conséquences des armes larguées sur des populations (une première), des
dépôts de missiles pillés et disparus sans compter l’arsenal de guerre de
Kadhafi volatilisé sans que personne ne
puisse dire avec certitude dans quelles mains toutes ses armes vont atterrir ?
S’est-on vraiment assuré des intentions et des projets des nouvelles
autorités à qui on a vite fait conscience ? N’a-t-on pas posé les jalons
d’une instabilité durable pour une zone située aux portes de l’Europe ?
Déjà les résultats des élections tunisiennes font grincer des dents à
l’intérieur et à l’extérieur du pays.
La Chine et les pays émergents sont désormais appelés à
prendre le relai de l’Occident en perte de vitesse en consommant une partie de
sa dette. Les plans de rigueur votés ici et là signent la preuve qu’un mode de
vie et un monde sont en train de disparaître… Même si le directeur général de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC), Pascal Lamy, se veut rassurant « Les Chinois se
comporteront en investisseurs», en Europe. «Ils ont investi énormément dans les
bonds du Trésor américain pour autant que je sache les Etats-Unis ne sont pas
devenus des vassaux de la Chine», la suprématie économique a toujours précédé
celle politique.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA
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