jeudi 3 novembre 2011

REFERENDUM GREC, UNE LIMITE DE LA DEMOCRATIE

Photo de LEXPRESS.fr, publié le 30/09/2011
          
Après un sommet laborieux qui a finalement accouché tard dans la nuit d’un vote à l’unanimité sur le plan d’aide à la Grèce  assorti  d’un programme d’austérité pour les autres pays  de l’Euro  menacés par la crise comme l’Italie, l’Espagne et le  Portugal, tout semblait fin prêt  pour le G20 qui commence ce jeudi  3 novembre à Cannes. Mais coup de théâtre, le premier ministre grec Papandreou annonce, contre toute attente, la tenue d’un referendum sur ledit plan d’aide comportant des mesures d’austérité. Tonnerre dans le ciel européen, les capitales locomotives de l’Euro, Paris et Berlin réagissent  consternées, les bourses déjà suffisamment agitées, replongent. La Grèce, dépassée par les vagues de protestations en cours et en vue, semble avoir pris de coup ses partenaires.  Cette décision est-elle salutaire pour la Grèce et pour l’Euro ? Faire parler ou décider le peuple est un principe certes démocratique, mais ne sommes-nous pas là en face des limites de le démocratie elle-même comme système ?

C’est vrai que la ou mieux les crises  successives de ces dernières années ont déjà prouvé les limites du système économique occidental basé sur la croissance. Le referendum grec nous donne l’opportunité de nous interroger sur les limites de la démocratie elle-même, basée sur le gouvernement du peuple par le peuple. Le premier ministre grec, quoique l’on dise, aura obéi à ce principe en voulant prendre l’avis du peuple sur son avenir  immédiat et à long terme. Seulement que le referendum dans un tel contexte met à mal toute la zone euro, car un « non » grec pourrait provoquer la faillite du pays due au non versement des 8 milliards d’euro correspondant à la prochaine tranche,  pourrait  entamer  la crédibilité de toute la zone et la contagion n’est pas à craindre pour les autres maillons faibles de la chaîne.

Face à tels enjeux, est-il opportun de donner la parole au peuple quand l’on sait que le  peuple, en temps difficile,  c’est-à-dire quand manquent le pain et  la paix, devient « foule »  entité sociale dominée par l’instinct  et ne voit que l’immédiat. Un peuple affamé, contraint  par les événements  à  changer de style de vie  ne saurait faire de la « métaphysique »  ni réfléchir à long terme. C’est dire donc le premier  ministre grec a pris de grands risques face à l’avenir et à l’histoire. Nul doute que le « non » l’emportera en cas de referendum libre et un grand pas  aurait été fait en direction de la catastrophe économique. Même  en déplaçant la question du referendum vers « l’appartenance ou non à la zone euro », la réponse du peuple en difficulté ne se concentrera que sur le présent. Ce qui représente une catastrophe pour le futur. On ne peut pas faire de la démocratie à propos de tout. La crise actuelle ne peut être gérée  à coup de referendum.

Père Eric Oloudé OKPEITCHA

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