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Jacques Chirac, le 5 novembre 2010. AFP/PATRICK KOVARIK |
Plus de 20 ans après les faits qui remontent d’ailleurs à l’époque où il
était maire de Paris, Jacques Chirac a
été condamné à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de
Paris, le 15 décembre 2011, à la suite un procès fort médiatisé, tenu du 5 au
23 septembre. On reproche à l’ancien
Chef de l’Etat français le "détournement
de fonds publics", l’"abus de confiance" et la "prise
illégale d'intérêt", pour une vingtaine d'emplois, sur les vingt-huit
objet d’examen par la cour. Ce dernier a
choisi de ne pas faire appel bien qu’il
condamne catégoriquement le jugement en s’en remettant simplement aux parisiens et parisiennes qui l’ont porté trois
fois à la tête de leur ville, aux français et françaises qui lui ont confié les
rennes de l’Etat pour deux mandats successifs.
Au-delà de l’aspect émotionnel que suscite le fait de voir un ancien Chef
de l’Etat devant la justice, en d’autres termes, réduit à la plus simple
expression commune d’humain et de citoyen – on revoit encore Saddam Hussein
devant ses juges, Hosni Moubarak porté au tribunal dans un brancard, Laurent
Gbagbo répondant aux questions des juges de la CPI - ces événements poussent à la réflexion sur la
nature du pouvoir dans le contexte démocratique et de façon générale, dans le
contexte de notre époque. L’obligation de rendre compte devient une exigence
étendue à tous les nouveaux. Le pouvoir monarchique couvrait d’immunité le
monarque qui l’exerçait à vie et mourait avec les secrets et les abus de son règne. Le pouvoir
dictatorial est actuellement en passe de disparaître – à quelques
exceptions près - acculé par la revendication des peuples à vivre libres, à
choisir leurs dirigeants et à pouvoir se prononcer sur la manière dont ils sont
dirigés. Ce qui transforme radicalement le pouvoir public en un exercice
ponctuel sous haute surveillance, avec un taux d’impunité garanti très bas. Il
n’y a donc normalement plus de place pour les médiocres invités à changer de
métier tant il est vrai, qu’avec les moyens de communication actuels, il est
possible de remonter le fil du temps pour réexaminer tel ou tel aspect de la
vie des gouvernants.
Ces mutations du pouvoir doivent être saisies par la jeunesse africaine. Si
le pouvoir en Afrique a été pendant longtemps le fait des rois puissants
disposant de la vie et de la mort de leurs sujets en toute impunité – même si
certains, parmi eux, ont fini tragiquement
-, puis celui des présidents battant le record de la longévité au nom de la
stabilité, le cours de l’histoire subit aujourd’hui des changements notables qu’il
faille prendre en compte. Ce qui se passe actuellement au Sénégal – avec un
président octogénaire qui veut briguer un troisième, semble détonner par
rapport à marche actuelle de l’histoire. Mais les mêmes causes produisant les mêmes
effets, la fin des pouvoirs qui se veulent « éternels » est connue.
Somme toute, le procès et la condamnation à deux ans avec sursis de l’ancien
président français Jacques Chirac, plus
de 20 ans après les faits, après avoir bénéficié de l’immunité pendant ses deux
mandats présidentiels, sonne comme un
avertissement solennel à tous les hommes au pouvoir que la reddition des
comptes est à envisager à tout moment.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA