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Les années 80 ont été très difficiles
pour les pays africains. Plusieurs parmi eux, en cessation de paiement des
salaires, ont dû recourir aux institutions économiques internationales de
Bretton Woods (Banque Mondiale, Fonds Monétaire International…) pour un plan de
sauvetage. Et alors, ils ont découvert dans leur chair, le vrai visage du
capitalisme à travers les fameux Programmes
d’Ajustement Structurels visant à résoudre le double déséquilibre
économique et financier. Ces divers programmes imposés aux Etats africains se
sont traduits par le changement obligatoire d’option idéologique : les pays
d’obédience marxiste léniniste comme le Bénin ont été contraints à renoncer
publiquement et officiellement à ladite idéologie; le changement de régime
politique : au parti unique devait succéder immédiatement le multipartisme
intégral avec des élections libres et le respect des valeurs démocratiques et
des libertés; le dégraissage systématique de la fonction publique avec les
départs volontaires (des fonctionnaires ont été incités, moyennant un fond d’accompagnement
- qu’ils ont mal géré pour la plupart, n’ayant pas été préparés – à quitter la
fonction publique) et les départs ciblés entrant dans la politique de réduction
drastique du nombre des fonctionnaires; le blocage des recrutements des agents permanents
de l’Etat pour plusieurs années; la privatisation des sociétés d’Etat passées
aux mains des capitaux étrangers dans la plupart des cas.
Les conséquences sociales de toutes ces
mesures ont été désastreuses : des vies brisées, des morts par manques de
moyens ou par désespoir, le vieillissement progressif des fonctionnaires sans
relève. Il faut dire que 20 ans plus tard, toutes les blessures ouvertes ne
sont pas encore cicatrisées. Et à cette époque on s’illusionnait qu’une telle
cure ne pouvait concerner que les Etats Africains.
Mais la crise grecque et surtout la
façon dont elle a été gérée, les réformes politiques, économiques et sociales
imposées à ce pays nous ont prouvé le contraire. Les lamentations de la rue
grecque n’ont pu arrêter les mesures de plus en plus drastiques destinées à
rassurer les marchés. En
se retrouvant le 8 décembre 2011, les dirigeants européens ont pu saisir la
portée de la crise : un tiers d’entre eux, en l’espace de quelques mois, ont
été emportés dans les flots furieux de la crise. Sur cette liste des victimes
de la crise, on ne peut omettre le premier ministre italien Silvio Berlusconi.
La crise, en l’espace de quelques semaines, aura réussi là où l’opposition et
les scandales répétés n’ont pu rien faire. Le tandem Sarkozy-Cameron qui a
parfaitement fonctionné en Libye jusqu’au « show commun » à la fin des
opérations n’a pas résisté à la révision du traité de l’Euro incluant des sanctions automatiques
pour les dérapages budgétaires nationaux. Le Royaume-Uni se retrouve dans un
isolement sans appel à cause de son opposition à tout contrôle de Bruxelles sur
la City. Par ailleurs, les discours des Etats Européens sur le non-respect des
droits de l’homme par la Chine ont cessé à cause d’une éventuelle main
secourable que pourrait incarner ce pays. C’est dire combien nous sommes entrés
dans un monde dominé par un système économique sans cœur… Quelle est alors la
place de l’homme dans un tel monde ?
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