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Le jeudi 20 octobre 2011, dans sa ville natale de Syrte où il s’était
réfugié depuis quelques semaines, le colonel Kadhafi a été finalement retrouvé
mort après avoir été capturé vivant dans un collecteur d’eau selon les vidéos
diffusées par la presse. Son fils Motassem a subi le même sort que lui dans des
circonstances restées floues. Il ne faut pas attendre beaucoup des enquêtes
demandées par l’Onu qui pourraient embarrasser les forces militaires des
nouvelles autorités du pays. Peu avant dans la matinée, le convoi dans lequel
il tentait de s’échapper a été repéré par les avions de l’Otan, et « stoppé
»pour reprendre les mots du ministre français des Affaires étrangères Alain
Juppé.
Au-delà de l’émotion suscitée par l’événement et les images choc qui ont
été reprises en boucle par les médias étrangers, on pourrait se poser des
questions sur les circonstances de la mort du colonel Kadhafi. L’Otan, dont les
opérations militaires ont été déterminées par la résolution
1973, avait pour mission d’instaurer une zone d’exclusion aérienne
au-dessus de la Libye pour protéger les populations civiles. Mais depuis
quelques semaines, elle a pris une part active dans le conflit, bombardant
systématiquement les positions de l’ancien chef d’Etat et facilitant les
opérations au sol des forces militaires des nouvelles autorités du pays. Tous
les observateurs de la politique internationale s’accordent pour reconnaître
qu’on se trouve devant un cas de figure inédit du droit international. «
Stopper » un convoi au sol, et Dieu seul sait ce que recouvre ce mot utilisé
par un diplomate, relevait-il de la mission de l’Otan ? Moscou qui avait voté
l’abstention, n’a cessé de crier à qui veut l’entendre que l’ampleur des
opérations sortait largement du cadre des résolutions de l’Onu. La réaction du
chef de la diplomatie russe Sergueï
Lavrov ne s’est pas faite attendre après la mort du colonel : « "Il n'y a aucun rapport entre la zone
d'exclusion aérienne et une attaque contre un objectif au sol, en l'occurrence
le convoi" de Mouammar Kadhafi … D'autant qu'il ne pouvait être question
de protéger des civils, vu que ce convoi n'attaquait personne, on peut même
dire qu'il était en fuite". Il est possible qu’un jour, tous les
non-dits de ce conflit dont l’épilogue a eu lieu la semaine dernière, soient
révélés au grand jour.
Quant au traitement du corps du colonel - qui en 42 ans de pouvoir,
rappelons-le, n’a pas été un enfant de chœur encore moins un ange, il laisse
beaucoup à désirer. Là encore, la pornographie de la violence qui est une
caractéristique des médias, a beaucoup joué. On se rappelle celui de Oussama
Ben Laden, on se souvient des images de la pendaison de Saddam Hussein…
Qu’inscrivent ces images dans l’imaginaire collectif ? Décourager l’option pour
la dictature ou le terrorisme en montrant le triste sort de ceux qui l’ont
opérée ? normalement oui, mais rien n’est moins sûr à cause du mécanisme de
fonctionnement de la violence prise en soi comme phénomène social. Les Libyens,
dit-on, avaient peut-être tout sauf la liberté, l’étroite collaboration et la
bénédiction des puissances occidentales. Espérons qu’aujourd’hui et surtout
demain, ils ne manqueront de rien avec la libération, l’affluence des
conseillers occidentaux dans les couloirs des salles de décisions, la
bousculade des hommes d’affaires occidentaux dans les hôtels… Kadhafi en
refusant la fuite comme Ben Ali de la Tunisie, l’humiliation comme Moubarak de
l’Egypte, a préféré s’accrocher au pouvoir jusqu’au bout s’inscrivant dans la
triste galerie des fins tragiques de dictateurs : Benito Mussolini et sa
compagne en Italie, Samuel Do au Libéria, Nicolae Ceaușescu et son épouse en
Roumanie, pour la petite histoire. Une chose est sûre, de même qu’elle a tourné
la page des monarchies à quelques exceptions près, l’humanité est en train de
tourner celle des dictatures.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA
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