lundi 24 octobre 2011

KADHAFI EST MORT, LE MONDE TOURNE LA PAGE DES DICTATURES


http://wartacamel.com/2011/07/05/khadafi-bersedia-serahkan-kekuasaan-dengan-imbalan-jaminan-keamanan/
           Le jeudi 20 octobre 2011, dans sa ville natale de Syrte où il s’était réfugié depuis quelques semaines, le colonel Kadhafi a été finalement retrouvé mort après avoir été capturé vivant dans un collecteur d’eau selon les vidéos diffusées par la presse. Son fils Motassem a subi le même sort que lui dans des circonstances restées floues. Il ne faut pas attendre beaucoup des enquêtes demandées par l’Onu qui pourraient embarrasser les forces militaires des nouvelles autorités du pays. Peu avant dans la matinée, le convoi dans lequel il tentait de s’échapper a été repéré par les avions de l’Otan, et « stoppé »pour reprendre les mots du ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.


Au-delà de l’émotion suscitée par l’événement et les images choc qui ont été reprises en boucle par les médias étrangers, on pourrait se poser des questions sur les circonstances de la mort du colonel Kadhafi. L’Otan, dont les opérations militaires ont été déterminées par la résolution 1973, avait pour mission d’instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour protéger les populations civiles. Mais depuis quelques semaines, elle a pris une part active dans le conflit, bombardant systématiquement les positions de l’ancien chef d’Etat et facilitant les opérations au sol des forces militaires des nouvelles autorités du pays. Tous les observateurs de la politique internationale s’accordent pour reconnaître qu’on se trouve devant un cas de figure inédit du droit international. « Stopper » un convoi au sol, et Dieu seul sait ce que recouvre ce mot utilisé par un diplomate, relevait-il de la mission de l’Otan ? Moscou qui avait voté l’abstention, n’a cessé de crier à qui veut l’entendre que l’ampleur des opérations sortait largement du cadre des résolutions de l’Onu. La réaction du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov ne s’est pas faite attendre après la mort du colonel : « "Il n'y a aucun rapport entre la zone d'exclusion aérienne et une attaque contre un objectif au sol, en l'occurrence le convoi" de Mouammar Kadhafi … D'autant qu'il ne pouvait être question de protéger des civils, vu que ce convoi n'attaquait personne, on peut même dire qu'il était en fuite". Il est possible qu’un jour, tous les non-dits de ce conflit dont l’épilogue a eu lieu la semaine dernière, soient révélés au grand jour.


Quant au traitement du corps du colonel - qui en 42 ans de pouvoir, rappelons-le, n’a pas été un enfant de chœur encore moins un ange, il laisse beaucoup à désirer. Là encore, la pornographie de la violence qui est une caractéristique des médias, a beaucoup joué. On se rappelle celui de Oussama Ben Laden, on se souvient des images de la pendaison de Saddam Hussein… Qu’inscrivent ces images dans l’imaginaire collectif ? Décourager l’option pour la dictature ou le terrorisme en montrant le triste sort de ceux qui l’ont opérée ? normalement oui, mais rien n’est moins sûr à cause du mécanisme de fonctionnement de la violence prise en soi comme phénomène social. Les Libyens, dit-on, avaient peut-être tout sauf la liberté, l’étroite collaboration et la bénédiction des puissances occidentales. Espérons qu’aujourd’hui et surtout demain, ils ne manqueront de rien avec la libération, l’affluence des conseillers occidentaux dans les couloirs des salles de décisions, la bousculade des hommes d’affaires occidentaux dans les hôtels… Kadhafi en refusant la fuite comme Ben Ali de la Tunisie, l’humiliation comme Moubarak de l’Egypte, a préféré s’accrocher au pouvoir jusqu’au bout s’inscrivant dans la triste galerie des fins tragiques de dictateurs : Benito Mussolini et sa compagne en Italie, Samuel Do au Libéria, Nicolae Ceaușescu et son épouse en Roumanie, pour la petite histoire. Une chose est sûre, de même qu’elle a tourné la page des monarchies à quelques exceptions près, l’humanité est en train de tourner celle des dictatures.

P. Eric Oloudé OKPEITCHA



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