mardi 10 janvier 2012

LA GUERRE D'IRAK, QUEL BILAN ?



Un soldat américain en Irak © Abacapress

        Fidèle à sa promesse de campagne, le président Obama a mis fin à la guerre en Irak en  ordonnant le retrait  total des troupes américaines. Le 18 décembre 2011, les derniers soldats américains sont rentrés au pays, laissant un petit nombre chargé de la  sécurité de  l’ambassade des USA dans ce pays qui portera pendant longtemps encore les stigmates de la guerre et de  plus de  8 ans d’occupation militaire. Quel bilan  tirer de cette expérience ? les objectifs fixés en 2003 ont-ils été atteints ?
             Le 20 mars 2003, malgré l’opposition ouverte de certains pays comme la France, la Russie et la Chine qui menaçaient d’utiliser le droit de veto pour bloquer toute résolution de l’ONU portant intervention armée contre l'Irak, les Etats-Unis et leur allié, le Royaume-Uni décident unilatéralement d’attaquer l’Irak.
Les vaillants soldats irakiens ont résisté mais que pouvaient-ils face aux puissants de la terre ? Le 1er mai 2003, sur un ton victorieux, le président George BUSH proclamait la fin de la guerre conventionnelle avec le sentiment prématuré de mission accomplie. S’ouvraient  alors 8 années d’occupation militaire au rythme des attentats et de guérilla.  Plusieurs dignitaires du régime de Saddam ont été éliminés. Après un long procès, le dictateur déchu est condamné à mort pour les crimes contre l’humanité commis contre son propre peuple le 5 novembre 2006 et le 29 décembre de la même année, il est pendu à l’aube. Dans l’incapacité de remettre de l’ordre dans le chaos installé, les Etats-Unis demandent que les autres pays envoient des troupes pour  la sécurisation du territoire. On connait la suite…
            Aujourd’hui, les américains laissent derrière eux un pays complètement détruit où règne l’insécurité. Les attentats sont devenus tellement fréquents qu’ils n’attirent plus l’attention de l’opinion internationale. Les rivalités entre les diverses composantes de la population (shiite et sunnite) sont ravivées. Les attaques contre les chrétiens revendiquées par les islamistes se multiplient. Apeurés ces populations chrétiennes  se jettent   sur la route de l’exil forcé. Les pertes en vies humaines sont très élevées. La démocratie qui devait remplacer la dictature peine à s’inscrire dans la réalité. Les armes de destruction massive détenues par Saddam Hussein n’ont jamais été brandies devant l’opinion ; les supposés liens de ce dernier avec les auteurs des attentats du 11 septembre 2001 restent à prouver. Alors qu’une grave crise de gouvernement  menaçant le fragile équilibre politique pointe à l’horizon, les Etats-Unis se retirent, laissant les irakiens  à leur sort. 
En somme un guerre dont les mobiles se sont écroulés les uns après les autres ; une  guerre débutée sans l’aval de l’Onu, une  guerre qui aura semé la mort sans faire luire aucun espoir de vie. Une guerre dont on ne fera jamais le procès pour situer les responsabilités de ces milliers de vies humaines détruites, de ces  générations  de jeunes irakiens sacrifiés parce que n’ayant pas eu les conditions d’épanouissement humain, social et psychologique normal. Ils sont nés durant la guerre Iran-Irak, ils ont grandi durant les successives guerres  du golf et parviennent à l’âge adulte sous l’occupation américaine. On ne parlera jamais assez des traumatismes psychologiques remarqués chez plusieurs soldats de retour au pays, désormais incapables de mener une vie normale à cause de l’horreur qu’ils ont vécues et dont les images sont gravées dans leur mémoire. Malheureusement l’histoire ne semble pas avoir compris la leçon. La guerre  ne peut  jamais constituer la  solution. Dominique de Villepin martelant l’opposition de la France à une intervention armée contre l’Irak, disait justement en 2003, aux Américains qu’il est facile de gagner la guerre mais difficile de construire la paix. Les faits lui ont donné raison.  
P. Eric Oloudé OKPEITCHA

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